La nécessité de rénover le parc immobilier français n’a jamais été aussi forte. Ce dernier est en effet responsable de 40 % du total des émissions de CO₂. D’autre part, 4,8 millions de logements sont de véritables passoires thermiques et le bâti tertiaire représente à lui seul près d’⅓ de la consommation énergétique nationale. Tandis que la réglementation s’accélère, les acteurs se retrouvent parfois démunis, n’ayant pas forcément les mêmes moyens pour y faire face. Aussi, le rôle des banques s’avère capital. Elles doivent faciliter les démarches de rénovation, conseiller sur les aides disponibles et financer le reste-à-charge avec des incitations innovantes pour pallier les difficultés futures qui s’annoncent.
Les enjeux pour les banques s’inscrivent dans leurs stratégies RSE et sont multiples :
- environnementaux : en finançant l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments,
- réglementaires : en incitant les clients à s’aligner sur les lois climat et résilience,
- commerciaux : en attribuant de moins en moins de prêts destinés à être remboursés par des revenus locatifs rattachés à des biens énergivores et en poussant les prêts liés à la rénovation,
- citoyens : en aidant les ménages aux revenus modestes, propriétaires d’un bien énergivore, à trouver le meilleur financement possible. Ainsi, elles seront dans une démarche vertueuse qui aura également pour effet d’accroître leur clientèle comme de la fidéliser.
Banques et rénovation énergétique : les preuves d’une avancée concrète
Les grandes banques françaises ont pour la plupart déjà amorcé un tournant. Le groupe BPCE par exemple, a l’ambition d’augmenter de 21 milliards d’euros les financements aux énergies renouvelables, à la rénovation énergétique des bâtiments et à la mobilité verte. Les réseaux et banques de proximité quant à elles prévoient 12 milliards.
Toutes les entreprises du groupe BPCE se sont engagées à accompagner leurs clients, du particulier à la grande entreprise en passant par les institutions dans leur transition énergétique.
D’ailleurs, il est l’un des premiers à avoir publié l’intensité carbone de ses portefeuilles de financement, notamment de ceux relatifs au crédit immobilier. La Banque postale, pour sa part, a ancré son engagement dans sa raison d’être :
« Banquier et assureur engagés, nous voulons œuvrer à cette transition juste avec tous nos clients et tous nos collaborateurs ». Elle a par ailleurs accordé 1 milliard d’euros de prêts verts aux entreprises depuis 2020. Enfin, il s’agit de la première banque à avoir lancé le prêt Avance Rénovation en janvier 2022.
Des solutions de financement existent mais des freins demeurent
Les aides permettant de financer des travaux de rénovation énergétique peuvent être intégralement gérées par l’État ou bien correspondre à des prêts garantis par lui et distribués par des banques signataires.
Dans la première catégorie, on retrouve plusieurs types d’aides dont MaPrimeRenov qui remplace le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE). À destination des particuliers, il s’agit d’une prime sans condition de ressources, calculée en fonction des revenus et du gain écologique des travaux.
Dans la deuxième catégorie figurent le prêt Avance Rénovation, dit hypothécaire, proposé aux ménages modestes, et l’éco-prêt à taux zéro (ou éco-PTZ), récemment simplifié. Les banques tirent aussi leur épingle du jeu avec leurs prêts personnels dédiés.
Cela étant, les aides régulées sont méconnues pour une quasi majorité de la population et les financements ne couvrent qu’une partie des travaux. En outre, 68 % des demandeurs de prêt déclarent ne pas être accompagnés par leur banquier, depuis l’octroi du prêt jusqu’à la réalisation des travaux et la mesure des impacts.
Aider les banques à prioriser leurs efforts pour atteindre les objectifs
Les banques ont aujourd’hui la possibilité d’utiliser des solutions qui cartographient les besoins en rénovation énergétique des 35 millions de bâtiments résidentiels et tertiaires sur l’ensemble du territoire français, afin de les aider à cibler et prioriser leurs efforts. En projetant, modélisant et mesurant, le digital devient un accélérateur du processus de calcul. Au cœur du système réside la data, qui demeure la clé permettant de réussir le passage à l’échelle et d’obtenir le bon chiffrage.
Par le recoupement de 250 points de données relatives à différentes thématiques, les banques auront des indicateurs utiles pour agir plus efficacement. Elles pourront par exemple connaître les zones où convergent une forte densité de passoires énergétiques et un faible revenu des ménages pour savoir où les prêts généreront le plus d’impact citoyen et environnemental, la capacité de production d’énergie solaire d’un bâtiment et les risques climatiques auxquels il peut être soumis.
Les gestes travaux pourront être estimés en fonction de la morphologie de chaque bâti et de son empreinte énergétique qui, selon son niveau, aidera les organismes bancaires à déterminer le degré de priorité du financement. Il leur sera également possible de cibler les entreprises tributaires du décret tertiaire et d’anticiper les voies de diversification de leur mix énergétique.