Big data et santé, un partenariat en pleine expansion

Pourtant des chiffres clés du secteur montrent qu’il est en pleine expansion : depuis 2010, 200 entreprises spécialisées dans le big data et la santé ont été créées, dans l’Union européenne 5,5 milliards d’euros ont été investis dans les nouvelles technologies au service de la santé, dont 2,5 milliards pour l’exploitation des big data pour l’année 2015 et 14 millions d’euros ont été économisés grâce à la réduction des fraudes dans le système de santé en France (source : Econocom). Quels sont les défis que les big data aideront à relever dans le domaine de la santé ?

Les acteurs du secteur

Tout d’abord, le secteur bénéficie d’une multitude de réseaux collectant des données. L’industrie pharmaceutique, les établissements de santé, les instituts et programmes de recherche, les réseaux de médecins, les caisses d’assurance maladie et les officines et enfin les dispositifs de soin connectés en sont les principaux.

Ces producteurs de données seront sollicités pour alimenter les cinq domaines où les big data ont un rôle crucial à jouer d’après le cabinet McKinsey. « Le premier est celui de la prévention et du suivi des patients, le deuxième vise à améliorer les techniques de diagnostic, le troisième à optimiser les ressources du secteur de la santé, la quatrième doit maîtriser les coûts et le dernier apportera l’innovation (recherche médicale, exploitation des données, partage des connaissances, sécurité des traitements et analyse des liens de cause à effet). » (source  : Guide du big data, l’annuaire de référence à destination des utilisateurs 2015-2016)

La médecine personnalisée, l’enjeu crucial

L’innovation cruciale pour le secteur de la santé est la médecine personnalisée. Les conséquences de son développement seront une baisse du nombre de réadmissions, une meilleure compréhension des maladies chroniques et des traitements optimisés. Les outils analytiques sont très présents dans la santé aux États-Unis, mais leur utilisation laisse encore peu de place au temps-réel et au big data. En effet, la répartition de l’usage des outils analytiques montre que les analyses a posteriori demeurent les plus utilisées (60 %), puis les interventions (23 %) et la prédiction (19 %) complètent le tableau.

Qui bénéficiera des apports du big data en matière de santé ?

Les patients seront les premiers bénéficiaires des contributions du big data en matière de santé. Ils profiteront de soins à la fois moins chers et plus personnalisés, ainsi que d’une connaissance plus fine de leur fonctionnement et donc des comportements à adopter pour atteindre des objectifs donnés.
Ensuite les praticiens bénéficieront de données mesurables, précises et contextualisées. Ainsi ils pourront travailler de manière plus autonome et effectueront des diagnostics plus pertinents.
Le monde de la recherche verra ses capacités à collecter, produire et analyser des données croître de façon exponentielle. Les projets interdisciplinaires seront également grandement facilités.
Le troisième grand bénéficiaire sera l’État, capable de maîtriser et de prioriser ses dépenses. Pour avoir une estimation des gains que pourrait entraîner la généralisation de l’usage des big data dans le secteur, le cabinet McKinsey a calculé pour les États-Unis que sur un budget total de 2 600 milliards de dollars, près de 300 à 450 milliards de dollars pourraient être économisés, soit une réduction de 12 % à 17 %.

Enfin, une fois les questions d’éthique résolues, les assurances pourront affiner leurs offres grâce aux données de santé de leurs clients.

Consore, un projet français révolutionnaire croisant la recherche et les traitements contre le cancer

Développé par le centre français Unicancer, Consore répond à deux objectifs : faire le lien entre soin et recherche pour développer de nouvelles hypothèses de recherche à partir des données émanant des soins et en retour proposer aux patients des innovations en matière de traitement développées à partir de ces recherches.

Deux profils d’accès à l’outil ont été définis : un profil Recherche, donnant accès aux données anonymisées et un profil Personnel soignant donnant accès aux données liées au traitement. Côté recherche, un moteur de recherche permet d’effectuer des requêtes sur le plan national indiquant le nombre de personnes concernées par les critères donnés. Un chercheur peut ainsi très rapidement vérifier le nombre de personnes concernées par son hypothèse et ainsi la faisabilité de ses travaux. Auparavant, obtenir ces informations et comptabiliser les patients pouvaient prendre jusqu’à plusieurs mois : le gain de temps est donc très conséquent !
Les données majoritairement textuelles ont demandé d’inclure un traitement spécifique de la sémantique, avec l’outil IB2I. La question de l’interopérabilité technique et linguistique se pose également avec l’étude de l’interconnexion de Consore avec d’autres bases de données européennes utilisant des ressources rédigées en anglais. L’outil est également amené à évoluer afin d’intégrer l’imagerie médicale (aujourd’hui, seuls les rapports d’analyse sont intégrés).