Comment s’inscrit la data dans la finance durable ?
Data dans la Finance durable : la Finance durable est de plus en plus présente dans une société contrainte par le changement climatique. En effet, pour contenir le dérèglement climatique et ses nombreux effets sur la société, les investissements doivent dorénavant contribuer à la résilience mondiale.
Mais quelles sont les opportunités offertes par la data dans le cadre de la Finance durable ?
Les enjeux de la data dans la finance durable
La data représente aujourd’hui un enjeu vital pour la Finance Durable. L’objectif des banques est d’accompagner la transition de leurs clients vers une économie plus responsable. La data va être le chef d’orchestre de ce changement de paradigme en proposant des offres de financement responsable et innovante tout en modifiant la façon dont la banque travaille aujourd’hui.
En effet, pour que cette transformation soit effective il va falloir modifier l’intégralité des processus de la banque : du processus d’entrée en relation avec la collecte de nouvelles informations au processus d’octroi de crédit avec des informations sur le type de sous-jacent en passant par les processus RH, informatique ou la stratégie immobilière …
La transformation impulsée par la transition vers une finance durable va être majeure et la donnée en sera la pierre angulaire. Elle va permettre de comprendre, de mesurer, de se fixer des objectifs puis de les piloter et de communiquer sur les résultats obtenus en termes d’impact.
Il va également falloir apprendre à traiter de nouveaux types de données que la banque n’a pas l’habitude d’exploiter : des données sur le risque d’inondation, sur les émissions de CO₂, sur la capacité de résilience…
Tout le cycle de la gestion de la donnée va se retrouver bousculé par l’arrivée de ces nouveaux formats de données : la maîtrise, la qualité, le stockage de la data…
Mobiliser les données pour avancer dans la finance durable
Pour la banque, les enjeux liés à la finance durable sont avant tout réglementaires, avec entre autres les sujets liés à la taxonomie européenne. On observe toutefois une émergence grandissante d’autres types d’enjeux comme celui de la rentabilité ou de la relation client.
Pour répondre à ces nouveaux défis, la banque va devoir se transformer en profondeur et infuser la durabilité de manière transverse dans tout son écosystème.
Les systèmes d’information sont au cœur des évolutions des processus car ils vont outiller la mesure de l’impact et intégrer de nouveaux référentiels.
Pour conseiller les clients de la banque dans leur transition et financer de nouveaux types d’actifs, il va falloir collecter de la donnée client, capter de la donnée externe sur le client et son contexte. Nous pouvons citer par exemple le mix énergétique ou l’exposition aux phénomènes climatiques extrêmes.
La typologie de ces données va chambouler la façon dont s’organisent les systèmes d’information aujourd’hui : il va falloir intégrer des données non structurées, apprendre à travailler avec des proxys et modifier les chaînes de valeur de la donnée pour absorber des données externes. Il y a un véritable enjeu de traçabilité et de qualité sur ces nouvelles données liées à la Finance Durable.
La réglementation demande aujourd’hui des reportings se basant sur des données qui n’existent pas encore. Il va donc y avoir une tolérance ponctuelle sur l’utilisation de proxys qu’il faudra ensuite faire progresser en qualité et en précision au fil des années.
La banque va donc devoir s’outiller très rapidement pour porter ces changements et répondre aux attentes des régulateurs et de ses clients.
Créer des solutions mobilisant les données
Afin de pouvoir accompagner la transition de leurs clients, les banques vont devoir compléter leurs données avec d’autres informations qui leur permettront d’aller beaucoup plus loin beaucoup plus rapidement. Cette data externe n’est pas cœur de métier mais va permettre de contextualiser les sous-jacents financés dans leur environnement.
Elle va par exemple permettre d’appréhender l’impact de certaines directives comme le net zéro carbone ou le net zero artificialisation sur les clients. Elle va aussi accompagner la détection des clients éligibles au décret tertiaire ou propriétaires de passoires énergétiques afin de les accompagner dans leur transition.
La donnée va être décisive à plein d’égards : elle va rendre possible l’identification des clients ayant la plus grande urgence à entamer leur transition, qu’il s’agisse de rénovation énergétique, d’adaptation climatique ou sur d’autres sujets comme la mobilité durable. Elle va également permettre de modéliser les territoires et d’identifier les solutions optimales en termes d’artificialisation et d’industrialisation.
La donnée va ainsi permettre de modéliser, projeter et caractériser l’empreinte des clients.
Les banques vont avoir un rôle important à jouer dans l’amélioration de l’empreinte des clients, premièrement car ce sont eux qui financent les projets mais également car elles vont de plus en plus se positionner comme instigatrices de projets de transition grâce à leur connaissance des directives réglementaires contraignantes dont n’ont pas forcément conscience les clients et par leur capacité à détecter des opportunités de transition.
La data comme réponse aux enjeux de la finance durable
La donnée constitue en elle-même un enjeu, car elle porte l’usage et finalement le produit. Elle bouleverse déjà l’économie dans la mesure où l’ESG, concept dans lequel se matérialise l’usage de la donnée extra-financière, constitue une nouvelle, voire une deuxième comptabilité.
L’aspect réglementaire qui encadre l’ESG est un catalyseur de synergie. Il incite les acteurs à collaborer dans la construction de cas d’usage.
Du point de vue d’une banque, on parle d’accompagnement des entreprises et des particuliers dans la transition énergétique, prédiction des risques climatiques. Ces logiques sont propulsées par l’IoT, à l’exemple de l’open banking ou la digitalisation.
La pierre angulaire de la Finance Durable c’est la synergie et la collaboration entre les acteurs. Les échanges seront clés pour accélérer la transition. Il s’agira de mettre les acteurs de la banque et de la recherche autour d’une même table, et nouer des liens de collaboration concrets avec des acteurs externes. Ces acteurs peuvent être des spécialistes du réglementaire ou des producteurs de données tels que namR.
Il est nécessaire aujourd’hui de s’appuyer sur de tels acteurs dont les capacités techniques vont permettre une accélération forte sur ces sujets, attendue tout aussi bien par les régulateurs que par le marché.
La taxonomie comme catalyseur du changement
La taxinomie (ou taxonomie), c’est 2500 data points, 75 activités, 1000 codes NACE, et va servir à standardiser la collecte des données. La plateforme de finance durable de la commission européenne vise une extension à toutes les activités. L’objectif à 30 ans d’atteindre la neutralité carbone régit l’économie réelle, et la banque tient donc une place capitale puisque c’est elle qui flêche les capitaux.
En ce sens, les banques sont tenues de calculer le green asset ratio et de récolter des données auprès de leur clientèle. Des outils data se créent aujourd’hui pour fluidifier cette collecte et faciliter le travail des acteurs.
L’urgence climatique contraint les acteurs économiques à accélérer et il va falloir aller plus vite et plus fort qu’une législation à échéance de 5 ans. Il faut prendre en compte sans attendre l’urgence climatique dans la façon de financer l’économie.
La taxonomie est en train de s’internationaliser afin de permettre une interopérabilité mondiale en codifiant les législations et en créant des tables d’équivalences pour les législations similaires.
Réussir la transition vers une finance plus durable
Une collaboration doit impérativement s’observer entre tous les acteurs des services financiers, les experts techniques et les spécialistes de la donnée. Il est nécessaire de mobiliser l’ensemble de l’écosystème afin de pouvoir collecter, traiter et analyser des données résolument polymorphes, hétérogènes et pas encore forcément matérialisées en données exploitables par les banques.
Le partage de données entre établissements financiers sera également une condition de succès. En plus de rendre la donnée opposable, une donnée partagée et accessible rendra les acteurs plus agiles dans l’ajustement réglementaire.
Le pilotage de la données ESG, sous forme de dashboard par exemple, pourra parfaire l’utilisation de la donnée pour converger vers une finance durable. Les indicateurs de pilotage doivent être globaux et transverses, et doivent découler de discussions entre les organes de direction, et les cas d’usage Data ESG. Il s’agira également de concilier des logiques de temps différentes et des besoins à très court terme.
Le tsunami de la Durabilité est en marche et va modifier l’intégralité de nos stratégies et de nos processus, comme l’a fait il y a quelques années l’arrivée du digital.
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