Big data et smart agriculture : les agriculteurs sont connectés
Data et smart agriculture : à la fois gestionnaires, soignants, exploitants et techniciens, les agriculteurs exercent 1 000 métiers et souvent seuls. L’apport de la technologie dans la mesure et le suivi de l’état des récoltes et des animaux leur apporte une aide précieuse pour produire plus et mieux.
Côté récoltes, l’installation de capteurs dans les champs couplée à l’utilisation de la cartographie par satellite permet de suivre très précisément l’hygrométrie des parcelles, connaître l’état des sols ou encore prédire les attaques de ravageurs. Les avantages de ces apports technologiques ? Pour l’exploitant c’est la possibilité d’intervenir de façon « chirurgicale » en apportant de l’eau ou des produits phytosanitaires au bon endroit et à la juste dose. Une avancée certaine pour la protection de l’environnement. Les animaux ne sont pas oubliés par les big data en smart agriculture : suivi des traites, de la qualité du lait ou de leur état de santé font partie de la routine de l’élevage connecté.
“L’agriculture de précision permet à l’agriculteur d’intervenir de façon chirurgicale sur son exploitation”
Tripler les récoltes avec les big data
Le changement climatique bouleverse les certitudes parfois ancestrales concernant les dates de semence et de récoltes ou encore les variétés les plus adaptées à une région donnée. En Colombie, le Centre de Recherche sur l’Agriculture Tropicale (CIAT) a établi un lien entre les données climatiques, les variétés de riz et les récoltes obtenues grâce aux méthodes d’analyse prédictive des big data. Un enjeu de taille après la baisse de rendement significative d’une tonne à l’hectare observée dans le pays entre 2007 et 2012. Grâce aux partages des données historiques consentis par la Fedearroz (fédération nationale des riziculteurs) concernant le climat, les récoltes et les méthodes agricoles pratiquées, le CIAT a mis en évidence les variétés les plus adaptées aux régions, allant jusqu’à potentiellement tripler les rendements ! Récompensé par l’ONU, le projet est à présent développé en Argentine, au Nicaragua, au Pérou et en Uruguay.
“L’analyse prédictive et le big data ont établi un lien entre les données climatiques, les variétés de riz et les récoltes obtenues.”
L’économie de l’agriculture en plein bouleversement digital
La ferme digitale a de beaux jours devant elle : les acteurs publics comme privés investissent le domaine et se structurent. En France, le Ministère de l’Agriculture a lancé son projet de portail de partage des données du secteur avec un objectif de lancement pour 2020. Chez le tractoriste CLAAS le département Nouvelles Technologies compte 250 personnes contre 50 il y a cinq ans. Moins anecdotique, le poids lourd des coopératives agricoles Invivo ambitionne de réunir les données de ses 241 adhérents au sein de Maferme-Néotic, un spécialiste des systèmes d’information agricoles et prévoit d’investir entre 10 et 30 millions d’euros dans la « smart agriculture » d’ici 2019. Il a également racheté SMAG en 2012, une start-up qui affiche aujourd’hui 15% de croissance annuelle et veut être dans la course au traitement (et donc la revente) des données agricoles et des services associés au même titre que les GAFAs.
La France dispose d’un patrimoine au potentiel très élevé : c’est la deuxième agriculture au monde comme aime à le rappeler Thierry Blandinières, patron de l’union des coopératives Invivo. Les prémices de la troisième révolution agricole apparaissent, reste à connecter l’ensemble des acteurs pour canaliser les bouleversements à venir.
“La start-up SMAG du groupe Invivo rassemble les données de 241 coopératives agricoles françaises et affiche 15 % de croissance annuelle”
Zoom sur… les agrinautes et les agri-surfeurs français
70 % des agriculteurs français possèdent une connexion internet.
L’agrinaute français : 47 ans, viticulteur, céréalier, polyculteur-éleveur.
Se connecte pour : ses e-mails, la météo, les cours et marchés agricoles, leur compte en banque, la vente de matériel agricole.
¼ sont connectés aux forums et aux réseaux sociaux.
Étude de 2013 commandée par l’organisme de formation Vivéa.